les protestants et la Parole

Sommaire
coucher de soleil

Notre relation à la Parole&nbsp : le Christ

Le Christ des écritures, écrivait Luther à Erasm, que pourrions-nous y trouver d’autre?” (du self arbitre) Dieu qui se révèle cela ne donne pas une doctrine, un discours ou un savoir, mais une rencontre avec le Christ. mais dire cela, ce n’est pas chercher le christ à toutes les pages… faire de la typologie… de l’allégorie d’évangile, où l’ancien testament en particulier ne deviendrait que le prétexte à l’évangile. on peut se méprendre. C’est penser que l’évangile est expliqué, témoigné, resitué, contextualisé, dans une Histoire biblique complète, dans une recherche humaine… une inspiration qui prend formes, style, sens différents qui rapporte toujours à un même message.

Notre relation à la Parole. Les Ecritures

On a souvent en tête, une gravure que l’on trouve au musée du
Désert, à Mialet près d’ANDUZE dans les Cévennes : une famille réunie
autour de la table, et le père lit la Bible.

Pour les protestants réformés comme pour vous, la Parole de Dieu, c’est le Christ. Les Ecritures ne sont Paroles de Dieu que parce qu’elles témoignent du Christ. Elles sont le témoignage premier au Christ par lequel tout passe au crible… en ce sens elles font autorité sur le reste des pensées, commentaires doctrines, dogmes de l’Eglise ou de qui que ce soit.


Il est faux de dire que les protestants n’ont que les Ecritures et qu’ils refusent toute tradition. Mais les Ecritures sont la critique première de toute tradition.

Les réformateurs se méfiaient beaucoup de ce qui pouvait être ajouter
aux Ecritures comme normes ou conditions de la foi… mais il est clair que Luther en particulier se méfiait aussi beaucoup de tous ceux qui pensaient avoir une révélation, une inspiration de l’Esprit…personnelle… détachée de toute tradition… de toute communauté garante de la foi…de toute critique ecclésiale… refusant de s’attacher aux Ecritures d’abord, et d’une certaine tradition de l’Eglise ancienne d’autre part. Luther n’a jamais cru qu’il inventait une expression de foi chrétienne sortie de la dernière pluie.
Il s’inscrivait dans une tradition, et la toute première était St Augustin… mais même dans sa critique de SON Eglise qu’il chérissait, il s’inscrivait dans une constante de l’Histoire… les mouvements contestataires ont toujours existé au sein de l’Eglise… pour essayer de la réformer…

Un journaliste me disait un jour, d’une manière ironique :
” catholiques, protestants finalement vous avez les mêmes diversités en
votre sein… d’un côté une différence théologique fait une secte, de
l’autre un ordre religieux…”

Un autre malentendu qui a fait dire que les protestants étaient des papes avec la Bible dans la main selon le mot de Boileau… Luther a bien dit “Sola Scriptura”… mais c’était bien dans le sens… l’Ecriture seule juge… mais pas l’Ecriture et rien d’autre!

Mais l’Ecriture ET toutes les nombreuses découvertes de l’Eglise… les inspirations peut-être… ais seulement celles-ci sont en soumission critique aux premières…

Non luther ne nous a pas transmis la passion de la« Bible comme un Pape de papier »… comme l’écrivait certains de ses interlocuteurs à l’époque.

Donc on est très loin du cliché qui ferait des réformateurs des inspirés isolés, ou bien qui n’aurait QUE l’écriture comme autorité… toute seule. Calvin en particulier se méfiait beaucoup des déviations de tous ceux qui se disaient inspirés loin de leur communauté, mais surtout loin du fondement des Ecritures

imge bible

Notre relation à la Parole : la prédication

Lorsque l’on parle de nos rapports à la Parole… il faut parler desEcritures… mais il faut aussi parler de la prédication… la prédication est d’une importance vitale. Pour les réformateurs, les Ecritures sont Parole de Dieu mais la prédication aussi. En quelque sorte la prédication ce serait la tradition orale, le Mishna – talmud orale – des juifs…
La seule différence c’est que la prédication est Parole de Dieu événementielle…
Elle n’est pas le dépôt d’une pensée unique , universelle et intemporelle… qui se rajouterait aux Ecritures…
Elle n’est pas non plus une interprétation dogmatique normative, mais une mise en situation, une incarnation de la Parole dans un temps T.
On peut lire une prédication ancienne, d’un réformateur ou d’un autre, avec plaisir, on peut trouver de belles inspirations dans une prédication du siècle dernier… mais on ne saurait faire du copier – coller pour une prédication aujourd’hui…
le souci herméneutique du prédicateur est premier (on peut traduire “herméneutique” veut dire : mise en situation, actualisation).
Il s’agit de rendre audible, exécutable, une Parole de Dieu donnée en d’autres temps, dans une autre culture, à d’autres personnes… dans des styles littéraires différents… on ne lit pas le conte du chaperon rouge comme on lit le Cid de Corneille… et pourtant tous les deux nous disent des vérités sur nous-mêmes… sur l’existence…
On ne lit pas un livre prophétique, un psaume, un récit ou une parabole de l’évangile ou un exposé de Paul comme on lit un roman…
Cela nécessite une approche particulière : un sérieux travail exégétique : Il faut une approche historico – critique du texte…(analyse des textes dans leur contexte et du sens des mots employés)

Un étudiant en théologie, pour devenir pasteur n’apprend pas le latin, il a très peu de contact avec les Pères de l’Eglise… on peut peut-être le regretter au moins pour leur apport spirituel.
Par contre l’hébreu et le grec sont obligatoire pendant son cycle d’étude.
La recherche exégétique est prioritaire aux études.
Pour Calvin, les Ecritures permettent au lecteur de déchiffrer Dieu, de lire les œuvres de DIeu dans l’Histoire… incarnation du message… “comme des lunettes di Calvin”; deux remarques : pour Calvin, s’il y a besoin de lunettes c’est que la raison par elle-même ne suffit plus… l’homme est myope envers Dieu… la métaphore des lunettes : les Ecritures offre une certaine transparence : ils révèlent Dieu…  
Pasteur Charles Bossert prêche

  • Approche expérimentale de la Parole

Tous ces outils utilisables, les sciences humaines, mises au service d’une meilleure connaissance du texte, de son milieu, de sa culture son histoire… tout cela ne peut servir qu’une annonce de la Parole vivante… mais tout cela ne peut servir à rien sans une autre approche de la Parole de plus grande importance encore… l’inspiration du Saint-Esprit… non seulement en tant que Parole proclamée… mais en tant que Parole reçue… la relation du protestant à la Parole, faite chair en Christ, Ecrite, et proclamée, n’est efficace que si elle est sujet d’expérience personnelle.

Un texte célèbre de Luther : son commentaire au Magnificat : “pour pouvoir comprendre ce saint cantique, il faut remarquer que la bienheureuse vierge Marie parle après avoir fait une expérience personnelle dans laquelle le saint Esprit l’a illuminée et enseignée. Car personne ne peut comprendre Dieu et la parole De Dieu si cela ne lui est donné sans intermédiaire par le Saint Esprit.
or personne ne peut recevoir ce don de la part du saint esprit s’il ne l’expérimente pas, ne le goûte et ne l’éprouve pas et c’est dans cette expérience que le saint Esprit nous enseigne ; i l en fait son école à lui, hors de laquelle on ne peut rien apprendre qui ne soit vide et bavardage.”
Tous les réformateurs parlent ainsi de cette expérience, palpable de la parole de Dieu…
“Enlève le Christ des écritures écrivait Luther, que pourrions-nous y trouver d’autre?” (du self arbitre) Dieu qui se révèle cela ne donne pas une doctrine, un discours ou un savoir, mais une rencontre avec le Christ.
Pour Karl Barth, théologien protestant du XX ème siècle, l’inspiration des Ecritures et de la prédication, et l’illumination des Ecritures chez l’auditeur sont deux conditions nécessaire à l’écoute vraie. Ainsi on peut dire que la vraie action de l’Esprit ST est à la rencontre des deux : le prédicateur et l’auditeur.

Nota :  On ne comprend rien à cette relation à la Parole, si l’on ignore le rôle fondamental chez les réformateurs de l’Esprit Saint! Même s’ils ne sont pas allés bien loin dans une théologie de l’Esprit saint… C’est l’Esprit saint qui inspire le prédicateur ET l’auditeur. Il vient à la rencontre des deux pour que le texte devienne Parole de Dieu ! .
  Donc en résumé : Le lien très fort au texte biblique, chez les réformateurs, relève d’abord d’une expérience fondamentale personnelle et profonde.
Et cette expérience est l’œuvre de Dieu…
Voilà pourquoi les réformateurs prêchaient deux ou trois fois par semaine… théodore de bèze cinq à six fois par semaine; et que la prédication pouvait durer environ 1 heure !
c’était d’abord une tâche pédagogique, une éducation à faire… mais aussi parce que disaient-ils avec l’apôtre Paul : « la foi naît de ce que l’on entend! » une manière de susciter la foi.
Et la seule façon d’éviter toute déviance…
c’était l’incitation à La lecture systématique de la Bible – avoir une vision globale de la bible et ne pas pêcher des versets pris au hasard et indifféremment du contexte…
Pour les réformateurs, c’est toute la bible entièrement la bible qui est autorité… car elle est toute entière, et ensemble, témoignage à la Parole… La bible éclaire la bible… ce sont les Ecritures qui commentent e mieux les écritures.
Voilà pourquoi notre relation à la Bible est si importante.
Il faut connaître la bible pour pouvoir comprendre la bible… Il faut avoir une idée assez complète des révélations des Ecritures pour avoir une idée de ce qu’elle exprime… trouver la cohérence de l’inspiration.
« Il est nécessaire que le même esprit qui a parlé par la bouche des prophètes entre dnas nos cœurs et les touche au vif.

Conséquence pratique : la “lectio continua”, dans la prédication : au lieu de prêcher à partie textes choisi dans des lectionnaires, selon des critères dogmatiques préalables, les réformateurs et tout spécialement Calvin, ont souvent préchés sur ds livres bibliques entiers, jour après jour et dimanche après dimanche sans en omettre une seule ligne.
On comprend mieux aussi pourquoi les Ecritures ont été très vite offertes à chacun… comme lieu d’expérience de la foi… pourquoi les familles protestantes ouvraient la Bible en culte familiaux… même en bravant l’interdiction.

Ainsi nous avons trois façons complémentaire de nous approcher des Ecritures :
– L’Etude de la Bible – sérieux développement remise dans son contexte… savoir ce qui a été dit et à qui avant de savoir ce qu’il a à nous dire…
– La prédication = mise en situation de ce texte pour nous aujourd’hui… qu’est ce que ce texte peut me dire… comment DIeu peut me parler à travers ce texte aujourd’hui pour la semaine à venir? pour m’aider dans mes engagmeents, pour me relever de mes blessures? actualisation de la Parole…
– Expérience méditative dans l’Esprit– rumination d’un texte, d’un récit… comme une mise en rapport spirituelle à Dieu… Je n’ai pas d’image de Dieu… il m’est interdit d’en faire… personne n’a jamais vu Dieu… mais j’ai sa Parole!

Ainsi, je dirai qu’il y a déviance lorsque l’on oublie un de ces trois points :
lecture littéraliste et simpliste de la Bible : certains lisent la bible comme un papier inspiré… ils sacralisent l’objet… on sait où peut mener un tel radicalisme complètement anachronique.
l’intellectualisme sec : il s’agit d’une curiosité littéraire ou historique sans la contrainte de l’actualisation du texte. Donc aucun message pour nous…
– Refus d’entrer en dialogue intime avec Dieu : c’est-à-dire ne pas prier le texte reçu. Refuser ce moment où l’Esprit travaille interpelle, corrige… au corps à corps peut-être, ou bien soulage, console… conduit… engage… apaise !
Joël Baumann, pasteur de l’EPUdF extrait d’une intervention lors d’une retraite spirituelle catholique à Marseille en 200 
portrait de Luther par Lucas
Calvin

II Timothée 3. 16

Toute Ecriture est inspirée de Dieu, utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dasn la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre

Je t’en conjure devant Dieu et devant Jésus Christ qui doit juger les vivant et les morts, et au nom de son avènement et de son royaume, préche la parole inspire en toute occasion favorable ou non reprends censure exhorte avec toute douceur et en instruisant… »

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