message de PENTECOTE

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ACTES 1/2
message de PENTECOTE


« Jésus s’éleva vers le ciel pendant qu’ils regardaient puis un nuage le cacha à leurs yeux », « Il vaut mieux pour vous que je parte.. »
Aujourd’hui encore, Jésus est soustrait à nos regards.
Déjà avant de mourir, il avait averti ses contemporains que leurs yeux ne le verraient plus jusqu’au jour où ils le contempleraient venant de sa gloire.

Au niveau de la raison, ces paroles renvoient à une sagesse ancestrale, une sagesse qui nous est enseignée par la nature : pour que l’humain vive, il faut que ceux qui l’ont précédé lui laissent de la place. Pour que les enfants prennent leur envol, il faut que les adultes se retirent.
La mort et puis la disparition de Jésus sont comme le retrait du maître qui s’abaisse jusqu’à disparaître pour laisser de la place à ses disciples.
Le désir le plus profond de Jésus est l’émergence de l’homme, le développement, la croissance du disciple. Pour que cela advienne, il faut qu’il se retire. Pour mieux comprendre cette notion, nous pouvons faire une comparaison entre deux lectures de la création.
1) Une première est proposée par la mythologie grecque. Le couple initial est composé de Gaia, la terre qui est l’élément féminin, et d’Ouranos, le ciel, l’élément masculin. Ouranos se couche sur Gaia et, de cette rencontre, plusieurs enfants sont conçus. Mais les enfants ne peuvent naître, parce qu’Ouranos recouvre Gaia en totalité, il n’y a pas de place pour eux. C’est alors qu’un fils, Chronos, forge une serpe dans les entrailles de la terre et mutile Ouranos qui se retire en hurlant. La place est libre, le monde peut advenir, les enfants peuvent naître.
2) Une idée un peu voisine se trouve dans la Kabbale juive. Elle porte le nom curieux de tsimtsoum qui veut dire retrait.
Cette théorie dit qu’avant la création du monde, Dieu, par sa nature, remplissait tout l’espace. Mais s’il occupe toute la place, la création ne peut advenir. Il est donc nécessaire que Dieu libère l’espace avant de créer, il le fait en se retirant de lui-même, en lui-même. Ce mouvement de rétractation de Dieu est antérieur à la création, il est nécessaire à l’apparition d’un autre que lui-même. Ces deux mythes se ressemblent ; pourtant, ils sont fondamentalement différents. Dans la mythologie grecque, la création advient dans la violence, alors que, dans la pensée de la Kabbale, Dieu prend la décision de se retirer pour permettre à la création, puis à l’humain d’apparaître.
C’est exactement ce qui se passe lors de l’ascension et de la pentecôte
En se retirant, Jésus libère un espace pour que les disciples assument leur vocation. Pour les soutenir dans leur marche, Jésus leur envoie l’Esprit de vérité qui vient habiter en eux pour raviver dans leur mémoire les paroles de l’Evangile.
Jésus n’est plus présent corporellement et nous aimons tellement avoir des gourous à qui remettre nos vies un Seigneur caché à yeux nous paraît très lointain, comme absent. Particulièrement lorsque nous vivons des choses difficile nous disons alors : où est Dieu ? Il s’est retiré ? Ce qui revient à dire assez rapidement ; « il n’existe pas, il est mort.. » Alors que cela n’est absolument la même chose : Si Dieu est mort notre vie n’a plus de sens
Si Dieu nous fait de la place nous serons comme le dit notre déclaration de Foi engagés dans un processus de « liberté responsable »
Parfois nous oublions que c’est à nos yeux qu’il est caché, mais pas à notre être tout entier. Retiré, ou Caché ne veut pas dire absent ! ni perdu ! Laissons-nous donc nous instruire par les petits enfants ceux à qui Jésus disait que le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent. Quelle n’est pas leur joie lorsque jouant à cacher un objet ils disent à celui qui le cherche : « Tu brûles » !
Le chercheur sait alors que l’objet désiré n’est pas loin, qu’au contraire il est là ; tout près, mais pour un temps encore dérobé à ses regards. Ainsi en est-il de cette nouvelle forme de présence de notre Dieu : l’ESPRIT SAINT ! Ce n’est qu’aux yeux des hommes que Jésus est caché, mais pas à leur Foi !
Michel Quoist disait « Il n’y a pas d’absence de Dieu, l’absence de Dieu est le brouillard de mon cœur » et des brouillards il peut y en avoir plusieurs sortes…

Et sachons que comme chez les disciples d’Emmaüs dont le cœur brulait en chemin tandis ce que Jésus les écoutaient et leur expliquait les écritures, nous aussi « brûlons » puisque nous sommes tout près de lui caché à nos yeux mais pas à notre Foi ! A condition, comme le précisent les deux « messagers / anges » aux disciples de ne pas regarder au ciel mais bien là où il se trouve, caché tout près de nous !

Tout ce que je peux faire et que je ne cesse de faire depuis que je suis pasteur c’est d’être avec vous à l’écoute de la parole de Dieu qui ne se contente pas de nous indiquer une direction générale mais qui nous dit aussi au bon moment : « TU BRULES » !
Sans oublier qu’une des images de l’Esprit c’est justement le FEU, sa chaleur, son pouvoir de purification et son énergie…
Tu brûles non pas forcément lorsque les choses deviennent spectaculaires
Tu BRULES lorsque tu vois l’ Eglise, tes frères et sœurs, leurs faiblesses leur péchés, saches que tu brûles, le Christ y est caché !
Il y a un trésor dans ta communauté….
Ta foi peut y discerner des merveilles, l’espérance, le service humble et caché, la mission poursuivie malgré tout, et lorsque je me penche sur l’histoire toute récente de l’EPR je me dis que cela fait longtemps qu’une entreprise aussi humaine devrait être cassée brisée depuis longtemps ?
TU BRULES Quand tes yeux voient et que tes mains touchent la coupe et le pain partagé de la cène, ta Foi découvre derrière le partage qui s’effectue, si simplement se tient le Christ qui donne une vraie nourriture, qui accorde un pardon et pose un ciment d’amour entre tous ceux qui participent au repas du Seigneur TU BRULES Quand tes yeux lisent la parole, dans la bible et au-delà que tes oreilles écoutent l’explication de la prédication qui va avec, les cantiques qui la célèbrent et les prières qui la vivifient alors le Christ caché derrière ces paroles si simples suscite la Foi !
TU BRULES Quand tu te fais serviteur de ton prochain, tu ne vois évidemment pas en lui si souvent ingrat et encombrant le Seigneur.
Mais ta foi se souvient alors des paroles du Seigneur te rappelant que ce que tu auras fait au plus petit de tes frères c’est à lui que tu l’auras fait !
A plus forte raison lorsqu’il nous a quitté ! Cf Albert
Ne sois pas triste que le Seigneur soit caché à tes yeux dans l’Eglise, à la sainte-cène, derrière les paroles de la bible, en la personne de ton prochain.
Ses contemporains voyaient bien Jésus de Nazareth le fils du charpentier, mais seule leur Foi a reconnu en lui le CHRIST ! le fils du Dieu vivant

Saches que sa parole est vraie lorsqu’il a annoncé : « Il est préférable pour vous que je m’en aille » car l’Ascension annonce et inaugure le temps de ou Jésus a fait des siens des hommes et des femmes responsables, ses collaborateurs auxquels il confie son œuvre. Il nous donne, liberté et initiative pour gérer ses biens et les faire fructifier, voilà leur dit il « C’est votre tour »
Cela ne veut pas dire que désormais il se croise les bras et nous laisse tout faire tout seul ! Nous sommes désormais « son corps »
Non, il a choisi de mettre désormais nos mains à nous, au bout de ses bras à lui !
Le Christ n’a pas de mains, il n’a que nos mains pour faire son travail d’aujourd’hui;
Le Christ n’a pas de pieds, il n’a que nos pieds pour conduire les hommes sur son chemin;
Le Christ n’a pas de lèvres, il n’a que nos lèvres pour parler de Lui aux hommes ;
Le Christ n’a pas d’aides, il n’a que notre aide pour mettre les hommes de son côté.
Nous sommes la seule Bible que le public lit encore.
Nous sommes le dernier message de Dieu écrit en actes et en paroles.
Il nous aime trop pour nous regarder comme des pantins dont il tirerait les ficelles. Il nous associe à son œuvre, il nous associe à son règne, il nous associe à sa gloire, parce qu’il l’a voulu ainsi
Le Seigneur que je vous annonce est un Seigneur qui s’en va ! Non parce qu’il nous tiendrait en petite estime, au contraire, parce qu’il veut ainsi mettre le comble à son amour pour nous. Mon Dieu, c’est comme un homme qui part en voyage et, dès lors, confie tous pouvoirs à ses serviteurs, autre image que nous trouvons dans l’Evangile.

Par amour, Dieu creuse devant l’homme un espace de liberté pour qu’il ne soit plus écrasé par une puissance extérieure qu’elle quelle soit (souvent néfaste d’où qu’elle vienne).
Le Maître s’en va et me remet toute son autorité. A moi ! Il m’émancipe.
Il me décolonise. Il me rend adulte, majeur, responsable, homme ! Il m’autorise comme homme libre. Y a-t-il un plus grand Evangile ?

Aimer, c’est rendre libre celui que l’on aime. Seul un amour immense, un amour de Dieu, peut ainsi conduire l’autre vers la liberté. Aimer l’autre non pour le posséder, le maîtriser, mais pour le rendre libre ; non pour le séduire, mais pour l’épanouir ; non pour l’engluer de liens affectifs qui l’étouffent, mais pour simplement devenir attente et prière, à sa porte.

Un tel amour ne peut pas nous laisser indifférent il nous donne une vraie place : celle de l’homme et de la femme adulte, libre responsable et capable de se mettre au travail !
Mais sans jamais oublier qu’il sera toujours à nos côtés pour que notre cœur ne cesse de brûler à l’évocation de sa parole, « je suis avec vous tous les jours.. » c’est la pentecôte et la venue de son esprit, mais cela c’est le programme de l’Eglise pour toute notre vie !

AMEN

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