Les TEXTES de MICHEL BERTRAND

A l’occasion des celebrations du 500èm anniversaire
des débuts de la Réforme
NOTRE AMI LE PASTEUR, PROFESSEUR MICHEL BERTRAND
a passé 3 semaines avec nous à prêcher, enseigner et former.
voici quelques-uns des textes qu’il nous a laissé
à consulter et à savourer sans modération…..

voici en clair son message de clôture de la soirée “coktail du 500èm”


Chers amis,
Je voudrais d’abord dire ma gratitude pour ces journées de 500ème anniversaire de la Réforme à La Réunion qui ont associé des personnes et des communautés aussi diverses.
Merci au pasteur et à la présidente du conseil presbytéral de l’Eglise protestante de La Réunion, ainsi qu’aux responsables des différentes Eglises. Je suis particulièrement reconnaissant que ce cycle de manifestations ait commencé par une journée de célébration commune, de louange et de prière, à l’écoute de la Parole, avec les pasteurs des diverses communautés et Mgr Aubry. Cela nous a ramené au cœur du geste réformateur de LUTHER qui est d’abord le fruit d’une expérience spirituelle et nous a tourné avec lui vers le Christ. Au cours des multiples rencontres qui ont suivi, nous avons pu vérifier que le message de la Réforme peut encore éclairer la spiritualité et la théologie des Eglises, mais aussi la compréhension du monde et de la société, et susciter bien des engagements au cœur de l’histoire.
Car commémorer ce n’est pas porter un regard nostalgique sur un passé admirable qui tiendrait lieu de présent, en faisant du message de LUTHER la réponse immuable à toutes nos question. Commémorer, ce n’est pas reproduire, c’est traduire, ce n’est pas répéter, c’est interpréter. Nous l’avons bien perçu lors de cette quinzaine, où nous avons célébré et dialogué dans la diversité de nos traditions confessionnelles, spirituelles, culturelles. Commémorer, c’est se risquer à rendre compte de ce qui a été reçu, dans des langages compréhensibles par le plus grand nombre, à partir des questions et des défis de notre temps, à partir des contextes particuliers propres à chaque Eglise.
Par conséquent, ce 500ème anniversaire de la Réformation a été et doit continuer à être une occasion privilégiée de la transmission de son message et du témoignage de l’Evangile. Cette tâche de transmission est d’autant plus nécessaire qu’elle semble devenue incertaine dans notre société déchristianisée. Le passé est en effet de moins en moins une mémoire vivante qui éclaire le présent et oriente l’avenir. Du coup il arrive que l’on se crispe sur des identités ecclésiales ou communautaires au lieu d’être des témoins d’espérance tournés vers l’avenir. Un témoignage d’autant plus nécessaire que nos contemporains semblent avoir du mal à se projeter vers le futur, à l’inventer et le construire. Enfermés dans la consommation du seul instant présent, ils semblent parfois ne plus rien attendre de l’avenir, perçu comme indéchiffrable, insaisissable, imprévisible, voire sombre et dangereux pour les générations à venir. Contrairement à LUTHER, ils ne cherchent plus rien, ils n’attendent plus rien, ils n’espèrent plus rien. Cet effacement de l’espérance ne laisse pas d’interroger.
C’est pourquoi cette commémoration des 500 ans de la Réforme peut être une occasion de témoignage et de transmission de l’Evangile aujourd’hui, si nous savons articuler la fidélité à ce qui précède et la liberté d’inventer ce qui vient. Là encore la démarche réformatrice de LUTHER peut nous y aider. En effet, il a su rompre avec une tradition devenue étouffante sans, pour autant, en renier les richesses. Adossé à son histoire, enraciné dans son temps, libéré par Christ, sa vie et son œuvre vont être tournées vers l’avenir. En témoignent ces mots qu’on lui a attribués et qui disent son espérance imprenable : « Si l’on m’apprenait aujourd’hui que la fin du monde est pour demain, je planterais quand même un pommier. » Alors, à l’image du geste réformateur de LUTHER, ce 500ème anniversaire nous invite, à puiser, à chercher, à découvrir dans ce qui a été transmis de quoi témoigner ensemble au sein de nos Eglises et de toute la société, et d’abord ici à La Réunion.
Cette actualisation, cette traduction des promesses reçues du passé, requiert d’interpréter, de comprendre et d’habiter le présent avec lucidité et confiance. Elle donne l’audace, l’imagination, le courage d’envisager pour le futur de nouveaux possibles, dussent-ils nous surprendre, nous déranger ou nous émerveiller. Commémorer, transmettre témoigner c’est donc toujours s’exposer à l’inattendu. Comme le dit le grand historien Patrick Boucheron «  la seule leçon de l’histoire, la seule certitude c’est qu’à chaque moment s’est inventé quelque chose que l’on n’avait pas prévu. » Par conséquent, commémorer LUTHER c’est rester ouverts à l’imprévu, rester ouverts les uns aux autres, rester ouverts au monde, dans la fidélité au Christ.
Donc sans peur ni méfiance puisque nous nous savons portés par l’amour de Dieu, la grâce chère à LUTHER, par cette promesse que rappelait déjà le prophète Jérémie au peuple en exil : « Je vais vous donner un avenir et une espérance » (Jr 29,11)

Michel Bertrand

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