BONNE ANNEE 2018

PRIERE pour NOUVEL-AN du théologien Réformé KARL BARTH

Seigneur, Dieu du ciel et de la terre,
en cette nouvelle année, nous voulons écouter
ce que tu ne te lasses pas de nous dire.
Nous voulons te louer dans toute la mesure de nos pauvres moyens,
et nous t’implorons de nous donner ce que toi seul peux nous donner.
Nous avons besoin de pardon pour tout ce que nous avons mal fait tout au long de l’année passée ;
nous avons besoin de lumière, entourés que nous sommes par d’épaisses ténèbres.
Nous avons besoin d’un courage nouveau et de forces neuves
pour parvenir au but que tu nous as fixé.
Nous avons besoin d’une foi plus grande en tes promesses,
d’une espérance plus grande en ta grâce,
d’un amour plus ardent pour toi et pour notre prochain.
Voilà nos souhaits pour la nouvelle année ; et toi seul peux les exaucer.
Sois donc au milieu de nous, montre-nous que tu es tout près de chacun de nous.
Accueille nos prières ; tu peux les exaucer bien mieux que nous ne l’imaginons.
Et pour tous les hommes qui, sans toi, ne savent que faire,
sois le Dieu fidèle, toi qui l’as été, qui l’est et qui le sera pour le monde entier. Amen.
Karl BARTH.


MESSAGE du 31 décembre 2017 à La Source St Denis
pasteur CHARLES BOSSERT
Lévitique 23:23-25 ;
MARC 4 35-39

Que faire du nouvel An ?

notre protestantisme est assez frileux à l’égard de la religion populaire. Il est prompt à dénigrer toute forme de paganisme qui se mêlerait à la foi et à la pratique religieuse. C’est notamment remarquable pour ce qui concerne les festivités. Dès les débuts de la Réforme, en France, les pasteurs se démarquent des habitudes catholiques en éliminant du calendrier liturgique toute une série de célébrations
Cette frilosité à l’égard de l’excès de religiosité explique pourquoi nous n’avons pas de rituel spécifique pour accompagner le passage d’une année à l’autre, pour marquer le nouvel An.
Certes, il n’y a pas de célébration du nouvel An mentionnée dans la Bible mais, bien plus que cela, c’est notre bon sens qui nous encourage à ne pas prêter une importance particulière à ce jour qui revient tous les 365,25 jours : nous avons conscience qu’il ne suffit pas de changer l’unité de l’année pour que la vie change.

Eviter de marquer les fêtes qui ne se rapportent pas à la vie du Christ, à la bible ou à des faits significatifs de l’histoire comme l’est la Réformation c’est éviter les superstitions qui accorderaient un statut privilégié à tel ou tel jour voire une efficacité particulière à tel fête.
Effectivement, ce n’est pas parce que nous passerions le nouvel An sous silence que notre histoire personnelle s’arrêterait soudainement. Et nous savons fort bien que si nous n’échangeons pas de vœux à l’occasion de cette nouvelle année, l’année aura quand même lieu, de même que nous savons parfaitement qu’il ne suffit pas de souhaiter une bonne année et une bonne santé à quelqu’un pour que cela se réalise.
Toutefois, il arrive qu’à force de rejeter toute forme de religiosité pour fuir les superstitions, notre attitude devienne elle-même superstitieuse, accordant un pouvoir spécifique à des occasions que nous refusons de célébrer. C’est le cas, par exemple, des témoins de Jéhovah qui ne fêtent pas les anniversaires parce que c’est à l’occasion de l’anniversaire d’Hérode que la tête de Jean-Baptiste à été coupée puis offerte sur un plateau (Mc 6/14-29). Ce parti pris revient à conférer un pouvoir particulier au jour anniversaire, à en faire un jour capable de reproduire le malheur provoqué autrefois. On fuit une superstition pour se jeter dans les bras d’une autre qui ne vaut pas forcément mieux.
Certes, le nouvel An n’est pas prescrit par le Christ, Le judaïsme, s’il n’a pas opté pour le même calendrier que les Eglises chrétiennes, n’en a pas moins développé une festivité du nouvel An, Roch Hachana (« tête de l’année »). Roch Hachana est célébré le 1er jour du septième mois (Tishri) et se fonde sur les trois versets du livre du Lévitique que nous avons lus.
Formellement, il est question d’un shabbat qui est aussi un mémorial
Et ce shabbat (relecture du 7èm jour de la création) ce mémorial devient tout à coup intéressant pour notre si païenne célébration d’une nouvelle année.
Ainsi trouvons nous de nombreux « passages » dans la bible et plus précisément encore dans l’Evangile. Le mot Hébreux « PESSACH » qui est devenu « Pâques » en est comme le prototype il désigne le passage de l’ange de la mort qui allait faire mourir tous les premiers nés en Egypte lorsque le pharaon s’obstinait à retenir les hébreux en esclavage. Il n’entrait pas, il passait là où, sur la porte apparaissait le sang de l’agneau sacrifié selon le rituel de la fête de Pessach….

Il y a les rituels liés aux passages dans la nature entre le printemps et l’été, des semailles à la moisson, d’une terre vierge aux nouvelles pousses
Et bien sur dans notre vie spirituelle nous passons si souvent des questionnements voire des profonds sentiments d’abandon à l’espérance et à la Foi qui nous remet debout. Fondamentalement dans de multiples exemples de nos vies le passage est constitutif de notre existence humaine !
Passage d’une idée de vie et de procréation chez un couple d’amoureux vers une rencontre créatrice de nouvelle vie. Passage de l’embryon vers un bébé qui va passer du cocon maternel par une naissance à la vie humaine.
Passage de l’enfance à la vie adulte et passage de la vie à la mort qui, nous le croyons nous ouvre à un autre passage celui vers le monde de Dieu qui est caractérisé par la lumière de son amour….
Nous sommes « Etrangers et passagers sur cette terre » dit l’épitre aux Hébreux.

Dans de nombreuses rencontres et par ses gestes et ses paroles Jésus a montré que notre vie est mouvement, un appel au changement, une traversée, un nouveau chemin vers quelque chose qui s’ouvre à nous et qui, très souvent nous fait peur !
Toute nouveauté fait peur.

C’est peut-être pour cette raison que l’on fait une fête bruyante et débridée le 31 décembre ? Pour éviter de penser, pour cacher nos angoisses. En effet que va apporter cette nouvelle année, comment allons-nous nous en sortir face à ces dangers nombreux qui nous guettent ?
Alors ? une fois de plus utilisons cette célébration païenne pour en faire un temps de réflexion, de rappel et d’ouverture, pour lui donner sens ! Au lieu de simplement crier avec ce monde prenons le temps de l’EVANGELISER cela veut dire « Faire mémoire » une idée chère à Israël depuis la sortie d’Egypte, en effet c’est là que se forge en profondeur chez le peuple, Hébreux cette idée, ce vécu que ce que Dieu a fait il pourra le refaire. ici le récit évangélique se superpose au récit fondateur du peuple hébreu : on sait que le terme « hébreu », dans la langue hébraïque, est de la même racine que « traverser ». Le peuple hébreu est le peuple qui a traversé. De même, le peuple des disciples de Jésus sera un peuple qui aura traversé avec le maître.
Prendre un temps d’arrêt, un temps de mémoire, et donner sens à ce passé en réalisant à qui nous devons tant de choses, notre Dieu qui nous a accompagné.
Comme au psaume 23 il accompagne « celui qui doit traverser la vallée de l’ombre de la mort ». Il est venu sur terre et nous l’avons si joliment chanté à NOEL pour Traverser avec nous notre condition humaine et ceci jusqu’à la mort.
L’image que je souhaite nous laisser pour la traversée de ce nouvel-an 2017/2018 est celle de Marc 4, celle de la barque malmenée par les vents contraires sur le lac de Génésareth. Un texte clé dans trois des quatre évangiles.

La présence du Seigneur n’est pas synonyme d’absence de tempête, mais la promesse qu’il les traversera avec nous.

Trois idées pour accompagner cette image :

1) Nous sommes TOUS dans la même barque, qui symbolise aussi un peu l’arche de NOE qui est image du salut donné par Dieu.
Les premiers entrés n’iront pas plus loin, on arrive ensemble au même endroit…
Nos jalousies, disputes, nos récriminations, n’ont pas lieu d’être
NOUS SOMMES DANS LA MEME BARQUE ALORS DEBROUILLONS-NOUS POUR VIVRE ENSEMBLE: dans nos familles là ou nous avons été placé
dans notre, ou nos Eglises, communauté qui est et restera humaine
dans ce monde de plus en plus interdépendant où tout peut avoir des conséquences sur les autres…..
Nous sommes tentés de nous mettre de coté, croyant pouvoir nous sauver tous seuls Jésus nous rappelle qu’aussi longtemps que nous serons sur terre nous sommes tenus d’apprendre et de vivre la solidarité à tous les niveaux

2) JESUS est dans la barque avec nous !
Il traverse avec nous en venant dans ce monde il l’a montré
Il est là même s’il dort ou est absent ou ne se manifeste pas comme nous aimerions qu’il le fasse ! Chez nos anciens le sommeil profond est compris comme une image de la mort Le motif central du sommeil est une image de mort ! Un sommeil dont Jésus est ensuite réveillé, ou ressuscité puisqu’en grec le réveil est l’un des termes employés pour la résurrection. Alors même que les disciples sont au cœur de l’insomnie et de l’angoisse, ils ne se rendent pas compte que Jésus vit quelque chose de sa passion et de sa mort. Il y a comme deux univers distincts, celui des disciples, enfermés dans leur peur, et celui de Jésus, enfermé dans son sommeil. On retrouvera d’ailleurs cette même distinction, mais inversée, au jardin de Gethsémané. Ainsi, l’Évangile nous invite à sortir de nos peurs ou de nos inconsciences humaines, pour considérer la croix du Christ.
« Je vous donne ma paix »Jn 16, ou encore « ne craignez pas… »Jn 14
Il n’y a pas d’absence de Dieu, l’absence de Dieu c’est le brouillard de mon coeur

3) La traversée mène vers les autres
Le sommeil du Christ, et la veille du Christ. La confiance du Christ, et sa fragilité humaine. Une confiance et une fragilité ordonnées à un même but : le don de soi-même pour le service de Dieu et des hommes. Ainsi nos veilles et nos sommeils sont appelés à être évangélisés par le Christ. Il ne s’agit pas d’une croisière éternelle qui mettrait les disciples hors de portée des réalités du monde ! La traversée mène vers les autres ! Et nous sommes emmenés par celui qui nous aime à passer avec lui de l’autre coté pour mieux voir les autres, les accompagner à notre tour, les soutenir, les relever et devenir à notre tour porteurs de cette confiance qu’il a transmis aux siens dans la barque ce jour-là.
Ainsi le jour de l’An peut prendre sens, devenir comme une étape sur le chemin de notre vie pour faire le point et nous rappeler : « cette année encore, je me confie à Dieu, j’ai confiance en lui, il est là il me conduit de
l’autre côté.

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