CAREME PROTESTANT

Traditionnellement le début du CAREME c’est un mercredi,
juste après le « Mardi-Gras », que démarrent les 40 jours de jeûne et de traversée du désert avec Jésus qui débute ainsi son ministère !
Mais le compte n’y est pas tout à fait ! En effet il faut enlever les dimanches qui restent “jour de résurrection” et qui sont ainsi comme entre parenthèses pour la période jeunée.

RESTE ALORS 40 JOURS…
40 jours pour faire le tri, pour se délester de ce qui est inutile
comme lorsqu’il faut traverser un désert et qu’il ne faut plus traîner,
40 jours pour ne plus se contenter de “juste ce qu’il faut”
40 jours pour éduquer le cœur et aimer,
apprendre à aimer d’une façon neuve, à la manière des premiers jours :
pour éduquer l’esprit, l’arracher à ses obsessions,
ses idées reçues et l’ouvrir à la nouveauté, pour éduquer le regard à dépasser
l’usure, et à travers l’écran des masques et des apparences.
40 jours pour marcher à un autre rythme,
pour changer de style, pour faire le ménage, pour se purifier.
40 jours pour regarder les autres, pour regarder Dieu,
pour écouter la parole du Christ et la laisser faire son œuvre
de redressement au secret de nos désirs,
40 jours pour être transfiguré,
40 jours pour grandir avec l’Evangile,
40 jours pour ré-apprendre à vivre !


Marc 1, 9 à 19
c’est le début du CAREME !

Les premiers versets de l’évangile de Marc nous entrainent dans cette curieuse ronde des événements qui marquent le début du ministère de Jésus chez Marc !
Avec Jésus nous sommes entraînés vers le Jourdain et Jean Baptiste
Ensuite dans le désert, et puis sans transition c’est l’appel des disciples
Marc est l’Evangile du strict minimum et ce sera la succession des événements qui donnera sens à cette entrée en matière pour l’évangéliste !
1)L’accueil inconditionnel au moment du baptême est un préalable et Ici Jésus a compris qu’il était le fils et que son père était avec lui
2)Le désert et cette extraordinaire lutte avec l’adversaire
3)Il se met en route pour annoncer l’évangile c’est le projet de toute vie chrétienne, c’est le sens même de l’existence de l’Eglise.

1)Avant d’y aller, avant de commencer à annoncer l’Evangile et avant son passage au désert il y a le Jourdain et le baptême !
signe puissant de sa plongée en humanité mais aussi rappel d’une confirmation du père à son encontre « Tu es mon fils… »
Pour le croyant, d’origine juive, accueillant ce récit à l’aube du premier siècle, il est un itinéraire, qui ne pouvait pas tromper :
-le baptême au Jourdain la descente dans les eaux de la mer rouge puis le Jourdain franchi avec Aaron pour entrer en terre promise, Il y a là une mémoire de la lutte de Jacob avec l’inconnu au gué de Yabbok.
Au terme de la désespérance en Egypte, après le baptême de la mer rouge, quarante ans au désert Jésus revit l’aventure historique et spirituelle, fondatrice de son peuple et il va la vivre jusqu’au bout !
Jusqu’à sa propre mort sur la croix….

2) Je vous propose de faire un zoom sur cette deuxième étape :
le passage de Jésus dans le désert,
Un temps symbolique de 40 jours, long, difficile mais limité ! comme à chaque fois (cf Noé, Moise, Elie ….que ce nombre est utilisé !)
C’est de là que vient notre temps du carême les 40 jours avant Pâques !
Nous retrouvons donc Jésus qui est seul, quarante jours, au souffle brûlant du désert. Dans un affrontement sans merci, avec l’Adversaire, dont seuls les bêtes sauvages et les anges furent témoins.
En réalité il ne s’agissait pour l’adversaire (shatan), le diable (dia-ballo celui qui jette un bâton au travers des roues) de briser la communion fondamentale de Jésus avec son père ! il s’agit d’entrer dans le mystère le plus profond de l’évangile celui de la passion du Christ et de sa mort.
Pourquoi fallait-il qu’il passe par là ?
Pourquoi dans ce monde passons nous par des épreuves des souffrances, la mort ? Il n’y aura jamais de réponse facile mais ces 40 jours pourront nous aider à entrer sur le chemin du Christ.
Jésus a été nous rejoindre au plus profond des détresses humaines
Elie Wiesel, La Nuit
« Un soir que nous revenions du travail, nous vîmes trois potences dressées sur la place d’appel, trois corbeaux noirs. Appel. Les SS autour de nous, les mitraillettes braquées. Trois condamnés enchaînés– et parmi eux, le petit « Pipel. Un enfant au visage béat. Incroyable dans ce camp. Le chef de camp lut le verdict. Les trois condamnés montèrent ensemble sur leurs chaises. Vive la liberté crièrent les adultes. Le petit lui se taisait. Où est le bon Dieu, où est-il ? demanda quelqu’un derrière moi. Sur un signe du chef de camp les trois chaises basculèrent… Les deux adultes ne vivaient plus. Mais la troisième corde n’était pas immobile : si léger l’enfant vivait encore. Plus d’une demi-heure, il resta ainsi à agoniser sous nos yeux… Derrière moi, j’entendis le même homme demander : Où est ton Dieu ? Et je sentais en moi une voix qui lui répondait : – Où est-il ? Le voici – il est pendu ici à cette potence… »
Jésus a remporté cette première victoire
Est-ce à dire, que tout est fini, que tout est gagné ?
Le verset qui suit (v14) nous ramène, sans pitié, les pieds sur terre. Première conséquence de ce temps nouveau : Jean-Baptiste est arrêté ! La sentinelle, le précurseur de cette immense nouveauté est sous les verrous, et Amnesty International n’est pas encore là pour faire affluer les lettres de protestations chez Hérode.
C’est notre cheminement à chacune et chacun d’entre nous rattaché à l’histoire du salut qui passe par Adam, Noé Abraham Jacob et Moïse et qui va dans l’histoire particulière de nous tous ! Cette prise de conscience ce vécu à la suite du Christ et avec lui fera de nous des témoins

La tentation de Jésus se passe, sans nous, dans la solitude du désert.
Mais, au sortir de l’épreuve, une parole de Jésus, brève et nette, nous interpelle : “Convertissez-vous et croyez à l’Evangile !”.
Le mot grec qu’emploie Marc peut se traduire presque littéralement : “changez de mentalité”, autrement dit : “Ne restez pas prisonniers de vos anciennes façons de penser et de faire. Donnez à votre vie une nouvelle orientation.
Jésus secoue par là notre paresse, notre découragement, notre résignation au mal. Il sait qu’au fond de nous-mêmes nous ne pouvons pas nous satisfaire d’une vie qui est une perpétuelle frustration et d’un monde où les plus grands espoirs humains se heurtent sans cesse à l’égoïsme, l’injustice, la vanité qui les font avorter.
Jésus dit que les choses peuvent changer. Ce changement passe comme pour Jésus par le désert.
Là se situe ce qu’on serait tenté d’appeler le côté négatif de la repentance. Mais ce n’est pas juste de dire “négatif”. Est-ce négatif que de décaper la vieille peinture salie et qui s’écaille pour repeindre à neuf une pièce ? Est-ce négatif que de bêcher un terrain laissé à l’abandon pour enfouir les mauvaises herbes, afin de pouvoir semer des légumes et des fleurs ? Car c’est de cela qu’il s’agit.
Se repentir, c’est d’abord prendre conscience qu’un changement est nécessaire. C’est se souvenir comme Jésus à son baptême que « nous sommes ses enfants bien-aimés » le désert alors devient moins terrifiant nous savons que nous y serons accompagnés !
. Certains « DESERTS » nous aident à comprendre qu’un bon décapage s’impose, que notre vie va à l’échec si nous nous ne changeons pas de mentalité. Ce besoin de conversion apparaît alors si clairement !
Parfois dans nos abandons, notre consentement au mal, notre manque de courage pour aimer les autres en action et en vérité. Il apparaît encore dans le fait que les réussites que le monde nous propose et qui nous séduisent : la position sociale, les honneurs, le pouvoir, la richesse, le plaisir sans frein, tout cela exige des compromissions et suscite en nous une mentalité possessive, agressive, égoïste, qui voit dans le prochain un adversaire ou un instrument dont on se sert pour arriver à ses fins, et tant pis si on l’écrase !
Mais Jésus ne cherche pas à nous condamner Il ne cherche pas à créer un sentiment de culpabilité écrasant et paralysant, mais au contraire un sursaut d’espérance.
Avant le désert Jésus a entendu la parole rassurante du père qui peut nous aider à entrer dans le changement qui ne vient pas de notre sentiment de culpabilité, mais de son appel, qui nous réveille et nous entraîne.
Il nous invite à nous détourner de notre mentalité égocentrique, de notre besoin d’y arriver par nous-mêmes, en nous défendant des autres et de Dieu, mais il le fait en nous annonçant une bonne nouvelle, en nous assurant qu’il nous aime même dans nos échecs et nos défaites. Il nous demande d’oser nous voir dans la lumière, sans tricher, au-delà des masques que nous portons et des excuses que nous fabriquons, pour oser aussi nous laisser aimer tels que nous sommes.

Les embûches du Satan ont été déjouées. Les anges ont servi le repas de fête. La piste est dégagée : vous pouvez croire.
Vous pouvez prier : “Ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du Mal !”. Il y a un précédent, une tentation déjouée, vaincue.
Même si elle reste notre risque quotidien, notre obsession, notre compagne maléfique, elle n’est plus que l’ombre de la réalité.

La piste est ouverte. Le soleil nous attend.
Sans nous en rendre compte nous serons alors entrés dans la troisième étape de ces récits, sur la route pour partager l’évangile qui nous habite au plus profond de notre chair !
Car avec lui nous avons été au Jourdain, et aussi au désert….
Sois en Lui, accompagne le encore et encore et ta vie parlera sans que tu ne t’en aperçoives AMEN

pasteur Charles Bossert

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